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I – Terre promise Le pays choisi est montré comme une entité éternelle et idéale, comme « il devrait être » ou comme « il devrait avoir été » sans lien démontré avec son évolution historique. Sur ce type de carte, les lignes des frontières sont généralement basées sur des frontières historiques réelles soigneusement choisies dans le cours des siècles pour correspondre à une surface idéale. Une variante moins partiale de la « Terre Promise » consiste à superposer sur une carte historique les frontières existantes à la date de la création de la carte. |
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II – Paradis Perdu Un auteur prend la liberté de dessiner un pays fictif ou bien les « grands et idéaux » contours d'une ancienne entité, avec toutes les apparences de la vérité scientifique. Divers procédés sont utilisés. Par exemple, plusieurs petites tribus connues sont traitées comme une unité, ou alors un territoire où domine un fait culturel – industrie, langue ou religion – est considéré comme une seule entité, ou bien encore on choisit, sur 2000 ans, trois à cinq années pendant lesquelles le territoire décrit était particulièrement vaste. Généralement, de tels ensembles politiques n'ont jamais existé ou ont existé pendant une période si courte que la carte en question apparaît comme une véritable mystification littéraire. |
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III – La maison de mon voisin Une carte montre un pays moderne, ou une entité appréciée par l'auteur, comme un tout isolé et indépendant sans tenir compte des surfaces adjacentes ni de son évolution historique. Sur une telle carte, les pays voisins sont dessinés comme des « terrae incognitae » (= terres inconnues) et le dessinateur n'hésite pas à « annexer » graphiquement de larges portions de leur territoire. Il est vrai que certaines de ces cartes sont accompagnées d’un commentaire neutre indiquant que le dessinateur n'a pas représenté la réalité ou seulement une ancienne réalité; toutefois, le dessin peut frapper l’esprit comme le ferait un tract. |
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IV – Paquets d'ADN dans la steppe Alors que la plupart des cartes historiques montrent des pays, des villes et des routes, soit des éléments factuels concrets, on trouve encore quelques cartes, souvent héritées de la cartographie du 19ème siècle, sur lesquelles l'auteur cherche à représenter des facteurs biologiques. Quelques entités humaines définies par leur ADN sont mentionnées sous le nom de « race » ou de « groupe ethnique ». Les couleurs ou le concept graphique de ces cartes sont choisis de manière à ce que le lecteur en déduise que les diverses petites peuplades représentées sont liées par une appartenance à une entité plus importante, parfois appelée « nation ». Sauf peut-être pour la langue, la religion et les compétences techniques, il est particulièrement difficile d'établir de manière sûre l'existence de ces grandes entités. En réalité, les peuplades concernées se combattaient l'une l'autre et leur évolution dépendait d'un jeu d’alliance continuellement changeant dans lequel la langue ou la religion n’étaient pas toujours le facteur essentiel. |
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V – Sabres & chandelles Il arrive qu'un auteur ou un commentateur, dans l'idée d'accroître l'impact d’une carte, y ajoute divers symboles comme des coups de crayon, des sabres croisés, des flèches, des chandelles etc. Le but est certes d’expliquer l'enchaînement de quelques événements historiques, mais l'auteur transforme de cette manière une image descriptive en un graphique expliquant sa propre théorie sur un moment particulier de l’histoire. La plupart du temps, la lecture d'une telle carte ne permet pas de faire la différence entre les faits et les hypothèses. |
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En examinant
une carte historique, il convient de garder à l'esprit ce type de
distorsions afin de le corriger mentalement. Bien souvent, l'auteur de
la carte présente celle-ci comme une explication de la réalité actuelle
alors qu'il s'agit d'une théorie élaborée après coup. Contrairement à ce que prétendent ou laissent entendre leurs auteurs, de telles cartes ne constituent nullement la confirmation scientifique d'une théorie. Leur utilité ne réside en définitive que dans l'illustration d'un courant de pensée dont l'auteur est le porte-parole. |
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Christos Nussli |